Plusieurs articles seront consacrés à la première étape de notre chemin spirituel: la préparation à être conformes à Jésus Christ. En nous rappelant qu’elle consiste à SE connaître, à acquérir une certaine maîtrise de soi qui est fruit de l’Esprit, et à nous rendre dociles à l’Esprit Saint. Nos Fondateurs ont accordé une place de choix à la première vertu: le silence, tant extérieur qu’intérieur. Mais avant d’entrer dans le détail, nous pouvons nous poser personnellement, en groupe ou en Fraternité… cette question:
Qu’en est-il du SILENCE
– dans la vie des hommes et des femmes d’aujourd’hui et – dans ma vie personnelle? Quelques pistes pour amorcer la réflexion: 1. Certaines personnes subissent le silence: le sourd-muet, le vieillard isolé, l’enfant privé d’affection, le conjoint ignoré… Pourquoi ce silence est-il perçu comme un mal? 2. D’autres recherchent le silence, ressentant le bruit comme une agression, source de stress. On tâche alors de trouver des zones de silence (campagne, monastère…) ou de les créer en isolant phoniquement la maison, en coupant télé, radio et autres sources de bruit. Pourquoi ce silence est-il ressenti comme un bienfait? 3. À l’inverse, on peut fuir le silence et apprécier les décibels! ou tout au moins un constant « bruit de fond », qui peut être une musique de Mozart… Pourquoi? 4. Dans les débats télévisés, les interviews, voire dans nos réunions de groupe ou de Fraternité, y a-t-il dialogue? Y a-t-il place pour ce silence qui prépare le dialogue, pour celui qui ponctue le dialogue et pour celui qui le prolonge? Tous les nouveaux moyens de communication, dont nous ne mesurons pas encore tous les bienfaits, ne peuvent-ils pas aussi priver les hommes du silence nécessaire à toute communication vraie? 5. En fouinant dans les librairies, combien de livres sur le silence, surtout dans les rayons « psychologie » et « santé »! C’est à coup sûr un signe. En fait, l’homme a besoin de silence – pour être, – pour agir, – pour entrer en relation.
Le silence, chemin de communion
Un chemin et non un but en soi. Un moyen de COMMUNIER, c’est-à-dire de « nous unir à », de rejoindre amoureusement quelqu’un dans son être le plus profond. Communion AVEC QUI? 1. Avec soi-même. Rappelons-nous ce qui a été dit de la vie intérieure dans le premier article. Le silence permet de rejoindre mon être profond pour laisser la lumière de Dieu éclairer tous les recoins de mon cœur et en accepter toutes les facettes: la merveille que je suis aussi bien que les démons qui m’habitent. Pour m’aimer tel que Dieu m’aime, me sauvant et me guérissant. Pour consentir à l’action de l’Esprit et de Marie et y collaborer par mes propres efforts. Se retrouver soi-même, ne plus être un étranger à nos propres yeux. 2. Avec Dieu-Trinité. En entrant en soi-même, on entre dans un sanctuaire où Quelqu’un nous attend, Quelqu’un qui n’est pas seul, mais Trois. Sans faire de bruit! Celui qui a trouvé le désert est un homme heureux. Et comblé. Car je suis avec lui. (Gilbert le Mouël dans Les cabanes du Bon Dieu). Le silence est celui de l’écoute, de l’attention à la présence de Dieu, car Dieu parle au cœur de celui qui sait écouter, et donc se taire. Lorsque nous nous mettons en prière, n’est-ce pas souvent l’inverse que nous faisons en inondant notre Dieu d’un flot de paroles ou en pensant que nous avons fait une mauvaise oraison parce que nous n’avions rien à dire? 3. Avec les autres, ceux qui nous sont proches comme ceux que nous ne verrons jamais.
Les bienfaits du silence
Partout et sur tous les tons, on réclame des lieux et des personnes d’ÉCOUTE. Sans la pratique du silence, tant extérieur qu’intérieur, et surtout ce dernier, personne ne sera entendu. Personne ne sera entendu jusqu’en son être profond, car le silence nous permet de communier à l’autre; il ouvre une relation d’amour qui peut aller jusqu’à l’empathie. Sans le silence, nos paroles seront vaines: L’important n’est pas ce que nous disons, mais ce que Dieu nous dit et dit à travers nous. Tous nos mots seront vains s’ils ne viennent pas de l’intérieur; les mots qui ne donnent pas la lumière du Christ ajoutent aux ténèbres (Mère Teresa de Calcutta). Le silence nous permet d’avoir en fin de compte une parole libre, entravée ni par les pressions intérieures ni par les pressions extérieures. * * * Tout est loin d’être dit en ces quelques lignes! Elles ont simplement pour objectif de nous préparer à recevoir ce que nous proposent nos Fondateurs. Cette réflexion peut susciter en nous des réactions, des sentiments très divers: joie d’une porte qui s’ouvre, désir amoureux, peur, agacement… ou découragement: décidément, c’est trop dur pour moi! Que cela ne nous trouble pas: c’est le signe que nous sommes touchés et appelés. Demandons-nous simplement: d’où vient cette réaction, ce sentiment?