Jésus affirme clairement que le cœur de l’homme est malade: ce ne sont pas les aliments impurs ou les assiettes mal lavées qui souillent l’homme, ce sont les pensées de son cœur: intentions mauvaises, meurtres, adultères, inconduites, vols, faux témoignages, injures (Matthieu 15,19; voir aussi Lettre aux Romains 6,29-30; Lettre aux Galates 5,19-23; Première lettre de saint Pierre 4,3). Ces dérèglements inclinent l’homme au mal. Un mal qui fait tort aux autres, qui dénature l’amour fraternel. Chaque homme porte en lui des inclinations au mal, chaque homme ressemble un peu à la tour de Pise!
Quelles en sont les causes?
De nos jours, les « blessés de la vie » sont nombreux et les psychologues tentent d’en trouver les causes pour mieux soigner. Trop souvent, on oublie, parmi les blessures, le péché: celui des origines, celui que nous avons commis ou que nous commettons. Un des effets du péché est de nous porter vers le mal; la pente est glissante. Par la mort et la résurrection du Christ, nous sommes libérés du péché. Voilà notre espérance! Et c’est en acceptant de mourir avec Lui chaque jour que nous ressuscitons à une vie nouvelle avec Lui: là est le travail de l’épuration. Un appel à l’humilité – Humilité n’est ni mépris de soi, ni complaisance en nos infirmités. Elle est d’abord vérité. Cette vérité se fait à la lumière de l’Esprit Saint qui éclaire notre cœur pour y déceler les motivations de nos actes et de nos paroles, les intentions profondes. Le silence et le recueillement ont commencé ce travail. Au fur et à mesure de notre progression, l’Esprit éclaire jusqu’aux recoins du cœur, là où se réfugient nos petits démons. Quelques exemples. Nous sommes serviables: nous en concevons de l’estime de nous-mêmes, nous aimons faire étalage des services rendus (nous arborons nos médailles et nos titres!), nous considérons que ce que font les autres est bien peu de chose ou qu’ils pourraient faire beaucoup mieux… comme nous! Nous avons de l’esprit, de la culture, des connaissances: dans nos conversations se glissent de la vanité, des manques de charité, voire des indiscrétions; nous manquons de simplicité et d’humour… En nous éclairant ainsi, l’Esprit veut libérer notre cœur, le guérir pour le transformer en « cœur de chair ». – Elle est pauvreté du cœur Seul le pauvre ou l’humble de cœur sait dire merci. Comme Marie, laissons éclater notre joie et notre reconnaissance pour ce que Dieu, gratuitement, gracieusement, nous permet de réaliser, résister à tel mal, progresser dans le bien. Humbles et pauvres comme Elle, nous pouvons accueillir l’Esprit.
Un appel à la vigilance ou redresser la Tour de Pise!
La vigilance est une attention du cœur qui nous empêche de glisser subrepticement sur les pentes du mal décrites par Jésus. Certains confondent vigilance et scrupule, continuelle attention à soi: ils sont guindés et figés. Avant nos actions, purifier notre intention et demander au Seigneur de purifier notre cœur. Poser de petits gestes contraires à nos penchants: taire une bonne action qu’on a faite, mettre en valeur quelqu’un, répondre sans tarder à un courrier, se priver d’un verre de vin ou d’une rêverie… ces petits riens, que seul le Père voit, sont de petites morts qui nous amènent à vivre du Christ. Insensiblement, l’inclination au mal devient moins forte, la blessure cicatrise, puis guérit. Le bienheureux Chaminade répond aussi à une question qui peut se poser à nous: Comment se fait-il que je ne puisse pas accomplir ce que le Seigneur m’inspire de bon? Comment ai-je pu succomber si lamentablement alors que le Seigneur m’avait inspiré? que je ressentais joie et enthousiasme à le servir? Deux raisons possibles: – J’ai confondu force personnelle et grâce, je me suis approprié le don de Dieu. Alors, au lieu de m’appuyer uniquement sur cette force que Dieu m’offrait, je me suis appuyé sur la force que je croyais être mienne. C’est vouloir s’appuyer sur un roseau plutôt que sur une canne de chêne! – Dieu ne désire pas que cela se réalise tout de suite, en vue de me faire croître dans la foi, l’espérance et l’amour. Il nous faut alors prier avec l’Église: Donne-moi la claire vision de ce qu’il faut faire et la force de l’accomplir (oraison du premier dimanche ordinaire). Ou en d’autres termes: « Seigneur, tu m’appelles à… Merci! Je crois que tu me donnes aussi la grâce d’y répondre. Sur cette grâce, sur Toi, je prends appui pour réaliser dans la joie ce que tu me demandes », ensuite, mais ensuite seulement, je retrousse mes manches.