Les préliminaires que nous avons posés sont très importants au moment où nous allons suivre pas à pas le chemin. Aujourd’hui, déployons la carte pour situer les grandes étapes de notre route. Certains termes ou certaines démarches vous paraîtront obscurs, ils seront expliqués en temps voulu. Une lacune ou une richesse? Nos Fondateurs ne nous ont légué aucune méthode complète pour devenir conformes au Christ. Sans minimiser l’apport de mère Adèle, c’est le père Chaminade qui nous fournit le plus d’éléments, par lui-même ou par ses disciples immédiats. Ils ont laissé plusieurs « projets » ou « brouillons », ce qui rend fastidieuse la lecture des Écrits de Direction. Ce qui peut apparaître comme une lacune est en fait une richesse. N’ayant pas de texte définitif et complet, nous sommes amenés à inventer, tout en ayant un canevas suffisamment élaboré pour construire une pédagogie spirituelle proprement marianiste, fidèle à la pensée des Fondateurs. En consultant notre carte, nous pouvons pointer
Trois grandes étapes
1° La PRÉPARATION
Qui désire faire une randonnée ou un camp sait qu’il y faut une préparation matérielle, physique, psychologique. Qui se lance dans l’aventure spirituelle, doit aussi s’y préparer: trois conditions sont nécessaires: – se connaître soi-même, – acquérir une certaine maîtrise de soi, – être souple et docile à l’action de l’Esprit Saint. Pour remplir ces trois conditions, le bienheureux Chaminade nous propose quatre « vertus » (explication de ce mot à la fin): – le silence, tant extérieur qu’intérieur, – le recueillement, – l’obéissance, – le support des mortifications.
2° L’ÉPURATION
Durant la préparation, nous sommes amenés à faire une expérience fondamentale: celle de nos limites, de notre état de pécheur. Ce fut la première expérience de Pierre au lendemain de l’appel du Christ (Luc 5,1-11). Non pas d’avoir commis tel ou tel péché, mais bien »je suis pécheur », c’est-à-dire un homme blessé dans tout son être, un être faible. Dans le même temps, nous nous découvrons sauvés par la mort et la résurrection du Christ. Ce qui pourrait être source de désespoir – se savoir pécheur – devient source de vie et de joie. Cette étape permet une purification, c’est-à-dire une mort avec le Christ pour que s’éveille une vie avec le Christ, c’est-à-dire une vie libre. Sur ce chemin de conformité au Christ, nous rencontrons des OBSTACLES: – En nous. Il nous faudra cultiver la foi-confiance, l’humilité et la vigilance. – En dehors de nous. Nous aurons à cultiver la constance, à nous attacher à la vérité de la foi et à mener le combat spirituel.
3° La CONSOMMATION
Dernière étape qui nous mène au but: l’entière conformité à Jésus-Christ. Le père Chaminade propose: – des vertus pour faire mourir le « vieil homme » (terme paulinien – de saint Paul): – Humilité de cœur et d’esprit, – Humble modestie, – Abnégation de soi, – Renonciation au monde pour vivre libre dans le monde. – et des vertus pour faire vivre l’homme nouveau: – Foi, – Espérance, – Charité. Et le père Chaminade de conclure: N’oublions pas de nous exciter à l’amour de la Très Sainte et Immaculée Vierge Marie. Nous devons surtout imiter notre Seigneur Jésus-éChrist dans ce point important: c’est l’esprit de la Société de Marie. C’est par ses soins maternels que nous deviendrons conformes à ce divin modèle. Laissons-nous diriger par cette tendre Mère, notre auguste patronne et soumettons-nous avec allégresse à sa direction. C’est par là principalement que nous lui témoignerons notre amour, notre reconnaissance et notre dévouement (Écrits de Direction I, n° 1243).
Note sur le mot « vertu »
Ce mot est très ambigu aujourd’hui. Cette personne fait preuve de beaucoup de vertu sous-entend qu’elle fait beaucoup d’efforts visibles pour affronter les circonstances de la vie. Une femme de petite vertu: on sait ce que cela veut dire! Par ailleurs, si vous consultez un dictionnaire de théologie, vous ne trouverez nulle part que silence et recueillement sont des « vertus ». Chaminade n’est pas dupe. Aussi dans la première Règle des Filles de Marie, précise-t-il: Peu importe que quelques-uns contestent à ces dispositions, à ces habitudes, le nom de vertus, ce sont des vertus dans l’Institut (Écrits de Direction I, n° 177). Alors quelle signification donner à ce mot? C’est une disposition habituelle qui ne nécessite plus d’effort particulier, qui n’altère pas la paix du cœur et qui se traduit par une joie intérieure. Et Chaminade ajoute: la vertu n’est point acquise tant que ce caractère (la joie) ne l’accompagne pas. Essayez d’appliquer cette définition au silence, à la confiance, à la charité, à l’humilité, etc. vous y découvrirez bien des richesses. Vous objecterez: mais avant d’en arriver là, il faudra bien faire des efforts qui coûtent et la joie ne sera pas toujours au rendez-vous! Bien sûr. C’est pourquoi le père Chaminade fixe des étapes: un pied devant l’autre… et pas plus vite que la musique! Le Seigneur ne nous demande pas de tout faire, tout de suite et parfaitement, il nous demande de suivre son rythme et de coopérer à l’action de son Esprit.
Parole de Dieu à méditer
– Lettre aux Colossiens 3,1-17; – Lettre aux Galates 6; – Lettre aux Éphésiens 4,17 à 5,20; – Lettre aux Romains 6.