Les contrariétés: premier obstacle extérieur à notre progrès spirituel. Le remède est la constance (hupomonê). –   Dans l’Ancien Testament, ce terme désigne la patience dans l’épreuve et l’attente confiante du salut, ainsi que l’endurance des martyrs. –   Dans les Évangiles, nous trouvons trois textes caractéristiques: –   Ce qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui entendent la parole dans un cœur loyal et bon, qui la retiennent et portent du fruit à force de **persévérance* (Luc 8,15). –   C’est par votre persévérance que vous gagnerez la vie (Luc 21,19). –   Celui qui tiendra* jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé (Matthieu 10,22). –   Saint Paul en fait une vertu majeure, expression de la foi et de la charité, se confondant avec l’espérance. Les quelques textes suivants peuvent nourrir notre réflexion et notre méditation: Lettre aux Romains 5,3-5; 8,25; 12,12; 15,4-6; Seconde lettre aux Corinthiens 12,12; Lettre aux Colossiens 1,11; Première lettre aux Thessaloniciens 1,3; Seconde lettre aux Thessaloniciens 1,4; Lettre de saint Jacques 1,3-4. –   Saint Jean, dans son Évangile et ses lettres, utilise un terme très proche: « demeurer ». Hans Urs von Balthasar commente: La fidélité consiste à demeurer continuellement dans ce qu’on a une fois choisi par un engagement solennel. Et cela s’exprime par deux mots essentiels: tenir ferme et patience… Tandis que « constance » rend encore un son d’effort, « demeurer » n’évoque plus aucune contention, mais seulement la fidélité de l’amour (demeurez dans mon amour) qui lui-même rend amour pour amour et y demeure (et je demeure en son amour) (Jean 15,9-10). –   Le monachisme primitif en fait le remède à la tiédeur, à la paresse spirituelle: tout progrès spirituel dépend de la vivacité de la constance; elle doit être pratiquée dans la joie, l’action de grâce et la douceur et elle est liée à l’Eucharistie; elle est refus du découragement dans la quête de Dieu. –   Plus proche de nous, le père Loew, dans son livre Comme s’il voyait l’invisible, en fait la vertu essentielle de l’apôtre. Partant de la Seconde lettre aux Corinthiens (12,12 et 6,4), il poursuit: L’épreuve principale de la mission n’est pas l’épreuve elle-même, mais la continuité dans l’épreuve, ma patience, l’endurance pour ne pas lâcher… elle est une force participant au dynamisme même de Dieu: Animés d’une puissante énergie par la vigueur de sa gloire, vous acquerrez une parfaite constance et endurance (Lettre aux Colossiens 1,11). On pense aux grandes paroles dites par le Seigneur même à Josué: Sois fort et tiens bon! (Livre de Josué 1,6). Dieu seul donne la victoire, mais nous, il nous faut tenir dans le combat. Et tenir jusqu’au bout… La tentation de l’apôtre, c’est de rompre le combat: il est usé par trop d’épreuves inattendues. * * \ En pratiquant la constance et la patience, non seulement nous surmonterons les contrariétés de tous les jours, mais nous configurerons notre vie à celle du Christ qui fait reposer toute sa force en Dieu son Père. Nous savons aussi qu’il nous donne son Esprit qui est Force. Du coup, les contrariétés ne seront plus des obstacles, mais des moyens de nous revêtir du Christ.