Les trois premiers obstacles sont dits « intérieurs » parce qu’ils sont inhérents à notre nature d’êtres de chair ou de vieil homme.

Des expériences

L’expérience de Pierre: il se croyait fort, pensait que son amour pour son Maître était à ce point indéfectible qu’il pouvait mourir pour lui. Nous savons ce qui advint. Ayant fait l’expérience de sa faiblesse, il acceptera qu’un Autre lui mette la ceinture et l’amène à témoigner jusqu’au sang. Sa force était celle de l’Esprit, son amour venait d’en-haut. – Notre expérience s’exprime par des mots comme ceux-ci: « ma patience a des limites », « je croyais avoir pardonné, mais je recommence à ruminer », « les vertus de préparation ne tiennent pas, mes efforts sont éphémères ». Nous constatons que ce que nous croyions acquis… ne l’est pas, que notre enthousiasme manque de constance, comme un coureur essoufflé. Nous oublions en fait que toute vertu vraie vient de Dieu. Ainsi, seule la patience de Dieu est sans limites; la nôtre pourra y tendre dans la mesure où la patience de Dieu impregnera notre cœur. Cette expérience ne serait-elle pas une chance? un appel du Seigneur, comme pour Pierre?

Un appel à la confiance en Dieu

Ce remède proposé par nos Fondateurs est à double face: – pile: la défiance de soi. Un rabbin disait avec humour: Un Juif résiste à tout… sauf à la tentation! Cette défiance n’est pas à confondre avec le manque de confiance en soi qui est une faille psychologique. Se défier de soi-même, c’est renoncer à être tout-puissant, à nous prendre pour Dieu, à penser que nous nous ferons saints; reconnaître que nous sommes limités et faibles, voire lâches. Ce premier pas est parfois difficile à faire, car il fait tomber bien des illusions sur soi-même. Cette défiance nous permet de retourner la pièce et de voir le côté… – face: s’en remettre à Dieu, s’abandonner entre ses mains, lâcher prise, nous ouvrir à Celui qui est le seul moteur de nos actions (Écrits de Direction I, n° 487). Cet abandon est signe de notre confiance totale en Celui qui est Père. Lorsqu’il nous appelle à vivre en conformité avec son Fils ou qu’il nous confie une mission, il nous donne toujours la grâce de le réaliser. Cette pensée de foi permit à nos Fondateurs de réaliser ce que nous savons.

Comment s’abandonner et faire confiance?

1. Contempler la Trinitéle Père qui se présente sous les images du Berger, de l’Époux, de la forteresse, du Père… goûter cet amour de tous les instants pour chacun d’entre nous dont le nom est écrit dans la paume de ses mains; – le Christ en sa Passion qui prend sur lui notre faiblesse afin de nous rendre forts en Lui; – l’Esprit Saint qui sanctifie et dynamise. 2. Nous exercer à la confiance chaque fois que nous voulons répondre à un appel de Dieu: au début du jour, nous en remettre à Lui pour rester patients, humbles, tempérants, etc. Lorsque la faiblesse s’empare de nous, nous précipiter en Dieu qui est notre force. 3. Nous confier à Marie, notre Mère, qui a reçu mission de nous conduire sur le chemin de la sainteté. 4. Recevoir les sacrements de réconciliation et d’eucharistie, « sacrements de route », pour nous fortifier et nous libérer.

Quelques signes pour discerner

ou si nous comptons trop sur nous-mêmes: – se troubler devant nos faiblesses, nos difficultés, nos échecs; impatience envers nous-mêmes; – se décourager, manquer de constance; – s’attribuer les progrès réalisés; juger les autres et se comparer à eux. Se complaire à la pensée que les autres reconnaissent notre sainteté; – s’exposer à des occasions de pécher en pensant que nous sommes suffisamment forts pour résister. D’obstacle, la faiblesse peut donc devenir tremplin en nous libérant de la culpabilité ou de l’égocentrisme; en nous ouvrant à une confiance de plus en plus vraie et profonde en Dieu. Notre faiblesse nous ouvre à l’espérance; la joie en est le fruit.