Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive (Matthieu 16,24); voilà, dans son expression abrupte, l’invitation de Jésus.

Notre culture ne l’entend pas de cette oreille!

Nous sommes dans une culture de valorisation et d’épanouisse­ment de la personne, du respect de ses droits, du développement de ses capacités. Et c’est heureux, car les pressions extérieures deviennent tellement fortes au plan professionnel, social, voire individuel, que la personne est amenée à réagir pour rester elle-même. Elle supporte de plus en plus mal les contraintes, les lois, les limites imposées de l’extérieur. Aussi parler d’abnégation et de renoncement évangélique suppose une réflexion renouvelée: nous ne pouvons plus parler exactement comme nos Fondateurs. Vous pourriez pousser plus loin la réflexion, soit personnellement, soit en Fraternité ou en groupe, car il me semble intéressant de voir ce qu’a de positif la culture actuelle.

Toute vie humaine comporte des renoncements

C’est notre expérience quotidienne. La mère de famille, par amour pour son époux et pour ses enfants, le père de famille par amour pour son épouse et pour ses enfants, sont amenés à bien des renoncements. Quels autres renoncements vivez-vous au quotidien? Il est bon de voir les soubassements humains des vertus chrétiennes. Les renoncements seront différents selon que l’on est laïc ou religieux, mais ils veulent toujours répondre à l’invitation du Christ: Si quelqu’un veut venir à ma suite.

Suivre le Christ

L’abnégation ou le renoncement que nous sommes invités à vivre se situe dans la suite du Christ. Que veut dire suivre le Christ? Ce n’est pas un choix personnel, c’est une réponse à un choix et à un appel de Jésus lui-même. Il nous appelle à collaborer avec Lui, à être ouvriers de la moisson, à témoigner du Règne de Dieu. Il est le Maître à qui nous devons obéissance. Et finalement, Le suivre, c’est renoncer à soi-même, prendre sa croix, c’est-à-dire aller jusqu’au bout de l’amour comme le Christ lui-même. C’est risquer sa vie pour l’Évangile. Pour reprendre la terminologie de nos Fondateurs, suivre le Christ, c’est lui être conformes.

Renoncer à soi-même, qu’est-ce à dire?

Pour avoir une idée juste, il est nécessaire de se tourner vers le Christ qui a vécu le renoncement, comme il a vécu la Croix. L’analyse et la méditation des tentations du Christ (Matthieu 4,1-11; Marc 1,12-13; Luc 4,1-13) sont éclairants, dans la mesure où on admet que ces tentations ont assailli le Christ tout au long de sa vie publique, sous des formes variées, décelables par une lecture attentive des Évangiles. Poussé par l’Esprit, le Serviteur sur qui repose l’Esprit, ne veut qu’une chose: ce que le Père veut. De ce fait, il écarte (renonce) des propositions qui ont l’apparence du bien. Mais à quoi renonce-t-il? Dans quel projet s’engage-t-il? Cette réflexion permet de mieux saisir ce qu’on entend par renoncement et de voir qu’il s’inscrit dans la perspective d’une valorisation de la personne.