En décrivant la manière de vivre l’obéissance, nos Fondateurs se référaient à l’Écriture et, de ce fait, invitaient à un examen spirituel pour mieux se connaître (nous sommes toujours à l’étape de la « préparation »).

Les qualités de l’obéissance

– Elle est prompte. Les grandes figures de l’Ancien et du Nouveau Testament n’ont qu’un mot à la bouche lorsque Dieu parle: me voici. Même si parfois ils commencent par trouver des échappatoires! Jésus, dès son entrée dans le monde, dit: Me voici, ô Dieu… je suis venu pour faire ta volonté (on peut relire avec profit dans la Lettre aux Hébreux 5,5-10; 10,5-10). Marie fait preuve de la même promptitude pour accueillir la mission que Dieu lui confie, pour aller « aussitôt » et « en hâte » vers sa cousine. – Elle est expression de la vie théologale – Elle est acte de foi: c’est en vue de Dieu, pour lui plaire et lui témoigner son amour par le sacrifice le plus précieux des biens qui soit à l’homme: sa libre volonté (Écrits de Direction I, n° 796-797). Par la foi, nous reconnaissons que l’Écriture est « parole de Dieu », nous croyons que ce qu’Il nous dit est pour notre bien; nous reconnaissons que Dieu parle et agit par des médiations. Ainsi Jésus nous apparaît « soumis » à ses parents, voyant en eux les porte-paroles de ce que le Père attend de Lui. – Elle est acte d’amour: si Jésus cherche à réaliser la volonté de Celui qui l’a envoyé, c’est par amour filial envers Lui, mais aussi par amour fraternel envers les hommes. Pour ne pas en rester à une morale d’esclaves, nous devons nous ouvrir à l’Esprit de Jésus qui fait de nous des fils du Père et des frères de tous les hommes. – Elle est acte d’espérance: l’obéissance peut être parfois onéreuse – elle le fut pour Jésus qui accepte de se livrer entre les mains des pécheurs – mais cette soumission amoureuse et confiante devient source de vie et de pro­grès. L’histoire de l’Église en donne maints exemples. – Elle est « indifférente »: on connaît la « sainte indifférence » de saint Ignace. Malheureusement, elle fut souvent défigurée, prenant le visage du fatalisme ou du laisser-aller. En fait, il s’agit, devant un choix, de dire: quoi qu’il arrive, j’en serai heureux, pourvu que je demeure en Jésus Christ, que je vive en Alliance avec Dieu. – Elle est « aveugle et muette »: Mais, me direz-vous, ce ne fut pas le cas de Marie qui s’enquiert de savoir comment se fera-t-il?, ni celui de Jésus qui priait le Père d’éloigner « la coupe » de la souffrance. L’un et l’autre ont acquiescé. Marie n’avait pas tout compris; malgré tout, elle se livre totalement en faisant confiance. Il nous arrive également de ne pas tout comprendre, de ne pas voir le pourquoi et le comment de tel événement, de telle décision de l’Église ou d’un supérieur hiérarchique… Il suffit que l’ordre définitif ne soit en rien contraire à la Loi de Dieu (Écrits de Direction I, n° 792). – En fin de compte, elle est chemin de liberté. Je marcherai librement, car je cherche ses préceptes (Psaume 118,45). Plus j’obéis, plus je suis libre! Comment puis-je trouver dans une telle obéissance la liberté? Ce pourrait être l’objet d’une réflexion en groupe ou en Fraternité…

Pratiquement

  1. Méditer et faire oraison sur l’obéissance de Jésus et de Marie: leur permettre de transformer nos cœurs; nous exposer à l’action de l’Esprit qui peut nous donner un cœur nouveau, aimant et estimant l’obéissance. Alors nous pourrons nous écrier avec le psalmiste: Je trouve dans la voie de tes exigences plus de joie que dans toutes les richesses. Je trouve en tes commandements mon plaisir, je n’oublie pas ta parole. Je tends les mains vers tes volontés, je les aime (Psaume 118,14,16,48).
  2. Nous exercer à l’obéissance Voici quelques exemples: – Apprendre à « écouter Dieu » en lisant sa Parole: le cœur aux aguets! – Apprendre à faire silence pour entendre l’Esprit qui parle à notre esprit, à notre cœur; saisir le souffle léger de l’Esprit qui peut parler par ceux qui nous entourent, même les « incroyants », par les événements. – Faire les tâches de notre état en disant consciemment que nous les faisons par amour pour la volonté du Père. En cela, nous rejoignons toute la vie cachée de la Sainte Famille, vie qui contenait une dimension rédemptrice. « C’est ta volonté, Père, que j’entretienne ma maison, que j’éduque mes enfants, que j’agisse en époux, en épouse (y compris les relations conjugales les plus intimes), que j’aille à mon travail et que je le réalise honnêtement, que je me mette au service de…, que je profite de mon loisir, de mon repos, que je fasse la fête, etc. » – Apprendre à discerner la volonté du Père, dans le face-à-face avec Lui, mais aussi dans le dialogue avec des frères: un conseiller spirituel, époux-épouse, enfants, curé-évêque… ce qui va au-delà du jugement prudentiel. 3. Faire périodiquement un examen spirituel pour noter les progrès en souplesse et en docilité, les motifs des nos « désobéissances ». Obéir, faire la volonté du Père, porte des fruits de paix intérieure et de joie. Ces deux signes viennent-ils à manquer? il y a certainement quelque chose à rectifier! Ce ne sont là que les premiers pas! S’ils sont mal assurés comme ceux d’un enfant, s’il nous arrive de faire « boum-par-terre », faisons comme l’enfant: tendons nos bras vers le Père et vers Marie, ils nous relèveront et nous soutiendront. Ces quelques lignes n’ont pas la prétention de tout dire sur l’obéissance: il y aurait bien des nuances à apporter, des explications à donner. Si elles peuvent vous mettre sur la route de la docilité à l’Esprit, vous donner le goût de faire de la volonté du Père votre « nourriture », comme pour le Christ, alors elles auront atteint leur but.