Le but du chemin est clair: devenir UN avec Jésus-Christ… un dans sa mort, dans sa vie, dans sa résurrection (Écrits de Direction I, n° 644-663), selon l’appel reçu du Père à être conformes à l’image de son Fils (Romains 8,29). Je vous vois levant les bras au ciel et disant: Ce n’est pas pour moi! regardez ce que je suis… je n’y arriverai jamais! Réaction analogue lorsque devant nos incapacités nous disons: J’ai déjà fait tellement d’efforts et c’est toujours pareil, sinon pire! Sans vouloir vous offenser, je réponds avec Jésus: Hommes de peu de foi!
Convertissez-vous… croyez!
Dans les objections avancées, nous considérons en premier lieu ce que nous sommes et ce que nous avons à réaliser. Nous sentant faibles, nous appelons Dieu à notre secours, ce qui dénote une certaine foi. Mais Dieu est la « roue de secours » lorsque nous ne pouvons plus faire autrement. Il nous faut retourner complètement notre manière de voir. Nous devons croire que Dieu est à l’œuvre en nous: c’est Lui qui donne un cœur nouveau, Lui qui nous crée, Lui qui rend « saint », lui qui nous remodèle à l’image de son Fils. Il attend de nous une collaboration libre et amoureuse. Cette conversion de mentalité est constamment à faire. Conversion d’autant plus difficile qu’un des aspects de notre culture s’y oppose: l’homme pense qu’il est capable de tout; science et technique l’habituent à penser qu’il est capable de tout dominer, de tout réaliser. Un instinct de toute-puissance. L’homme peut remplacer Dieu et se passer de Lui. Dans ce climat, on pense volontiers qu’il suffit de mettre le logiciel « sainteté », puis appuyer sur les touches adéquates… et nous voilà « saints »! Sans compter le volontarisme qui a tellement imprégné l’enfance des plus anciens. C’est ce que veut nous faire comprendre ce principe de base de toute vie spirituelle énoncé par le P. Chaminade: Le salut et la sanctification sont… l’ouvrage de Dieu par sa grâce et la lumière de la foi; et l’ouvrage de l’homme par sa fidèle et constante coopération à l’action divine (Écrits de Direction II, n° 2). Pour atteindre le but, Dieu lui-même agit en nous grâce à deux personnes qui en ont reçu la mission: l’Esprit Saint et Marie. Nous nous arrêterons aujourd’hui à l’Esprit Saint.
La mission de l’Esprit Saint
Il faudra faire connaître comment Jésus-Christ nous communique son Esprit, comment l’Esprit de Jésus-Christ nous fait vivre de la vie de Jésus-Christ et nous conforme entièrement à notre divin modèle (Écrits de Direction II, n° 404). Comment nous communique-t-il son Esprit? Par le baptême et la confirmation, par la Parole de Dieu, par les sacrements, par les paroles et les exemples de ceux qui nous sont proches, conjoints, enfants, membres de l’Église… Comment nous fait-il vivre de la vie de Jésus-Christ? Ecoutons ce beau texte du père Chaminade: Chaque chrétien reçoit l’Esprit de Jésus-Christ: il est conçu pour ainsi dire par l’Esprit de Jésus Christ. C’est ce divin Esprit qui le fera croître jusqu’à l’âge de l’homme parfait, jusqu’à l’entière conformité avec Jésus-Christ (Écrits de Direction II, n° 418). Tout dans ce texte nous parle de vie: conception, croissance, passage de l’enfance à la maturité.
Coopérer à l’action de l’Esprit Saint
Ces articles ont pour objectif de vous permettre de vivre le chemin proposé par nos Fondateurs. Alors, voici quelques pistes pour coopérer à l’action de l’Esprit Saint. 1. Renouveler fréquemment notre foi en l’action première de Dieu, cette conversion dont nous parlions plus haut. Vous désirez vivre une attitude évangélique? Vous désirez mieux accomplir une tâche apostolique? Redites votre foi: C’est toi Seigneur mon appui, je compte sur ta grâce que tu m’as donnée à mon baptême, à ma confirmation. Tu es mon soutien, ma force. Je crois en ta présence agissante, je compte sur toi et non sur moi… 2. Prier souvent l’Esprit Saint. Vous pouvez reprendre l’Hymne de Pentecôte Viens, Esprit Créateur (Veni Creator) ou bien la séquence de la messe de Pentecôte Viens Esprit Saint (Veni sancte Spiritus). Ou bien cette courte invocation: Viens, Esprit Saint, remplis le cœur de tes fidèles et allume en eux le feu de ton amour. Ou toute autre prière que vous aimez bien… 3. Coopérer à l’action de l’Esprit qui habite en vous, qui vous anime, qui vous meut. Cette coopération revêt deux aspects complémentaires: – éliminer les obstacles à cette action: par exemple l’attachement à tel péché, la paresse, pour corriger telle tendance, le manque de charité (rancune, jalousie…), le manque d’écoute et d’attention, etc. – discerner les appels et les progrès: Sans chercher des choses extraordinaires, car, je le rappelle, la vie spirituelle est la vie de tous les jours, en ses aspects les plus concrets, vécue dans l’Esprit et en union avec Jésus-Christ. Un enfant qui désire raconter ses joies ou ses chagrins, un conjoint qui attend un moment d’intimité, un travail pesant qu’on fera avec soin, une visite à une personne « ennuyeuse »… Avec un peu d’attention, vous pourrez allonger cette liste! N’ayez pas peur de regarder les progrès que l’Esprit vous donne de réaliser pour l’en remercier. Chacun de nous est transformé et transformable: voilà l’espérance en acte.