Le juste vivra par la foi: ce texte du prophète Habacuc (2,4) repris trois fois par saint Paul (Romains 1,17; Hébreux 10,38; Galates 3,11) est souvent cité par Chaminade. La foi ouvre l’homme à la vie qui est en Christ. Nos Fondateurs pensaient que l’Homme nouveau est d’abord un homme de foi. Les Écrits sur la Foi, rassemblés par le père Jean-Baptiste Armbruster dans un livre de 500 pages, nous disent toute l’importance de cette vertu théologale. Comment fait-elle de nous des hommes nouveaux?

Un témoignage

Un homme d’une quarantaine d’années m’écrivait à peu près ceci: J’ai beaucoup cherché, dans les Églises, dans des sectes, chez des gourous… je trouvais quelques réponses, mais je restais insatisfait. Eh bien, d’un seul coup, une lumière, une joie et une paix m’ont envahi: c’est Lui, Jésus, le Maître et Dieu, est mon Père. D’un seul coup, tout a changé, mon regard n’était plus le même: ma femme, mes enfants, ma profession, le paysage, tout était différent! Je suis amoureu-fou de Dieu! (Vous ne le direz pas à ma femme!). Au vu de ce témoignage, qu‘est-ce que la foi? Un regard nouveau qui est le regard même de Dieu. Une lumière qui est lumière de Dieu. Une intelligence nouvelle. Il nous donne de Le connaître tel qu’Il se connaît, de voir les autres, le monde et les événements tels que Lui les voit. Chacun ne vit pas un tel éblouissement, mais chacun reçoit ce don de la foi, comme Dieu l’entend. Cette expérience forte n’est cependant pas le tout de la foi. Dans les mois qui suivirent, cet homme a dû prendre le chemin plus ardu de l’intelligence de la foi. Ce que proposaient nos Fondateurs aux chrétiens, en particulier dans la Congrégation, lorsqu’ils instruisaient des vérités de la foi.

Une foi intelligente

Soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte (1 Pierre 3,15) Une croyance destituée de raison est la croyance d’un imbécile disait Chaminade aux Congréganistes. Nos Fondateurs étaient convaincus que la foi a besoin de connaître. Il ne suffit pas de déclarer avec enthousiasme une vérité de foi (Credo), nos interlocuteurs nous demanderont des explications compréhensibles et intelligentes. Certains pensent que le témoignage suffit. Or, nous avons besoin, pour nous-mêmes et pour les autres, de bien connaître notre foi. Étudier le Catéchisme de l’Église catholique ou un autre livre plus abordable est un bon moyen de s’instruire de la foi. Certes, les vérités du Credo restent ce qu’elles ont toujours été, mais elles ont besoin d’être dites dans un langage nouveau, prenant en compte les changements culturels de notre époque. On ne peut plus parler de Marie, de l’Eucharistie ou de Dieu lui-même comme on en parlait il y a cinquante ans! Il y a donc un effort intellectuel à faire: ne serait-ce pas une des missions d’une fraternité? Cet aspect de la foi n’est que l’un des piliers sur lequel elle se base. La foi qui n’éclairerait que notre esprit ne nous donnerait pas la vie de la justice, qui est une vie divine écrivait Chaminade dans une de ses nombreuses lettres. (Chaminade, lettres III, p. 227) Nous étudierons les autres piliers dans les prochains articles.

En fraternité ou en groupe

Considérons-nous comme une des missions d’une Fraternité de s’instruire mutuellement de notre foi? ou sommes-nous allergiques à tout ce qui est intellectuel? Si oui, pourquoi? La raison et la foi font-elles bon ménage? L’encyclique de saint Jean Paul II peut nous aider à avancer en ce domaine.