Précédemment, nous avons dit que connaître était le premier pilier de la foi. Le deuxième est aimer. Nous pouvons avoir de multiples connaissances sur Dieu, la Bible, les vertus,… et même sur notre chemin spirituel, et cependant n’être pas hommes de foi. De la tête, la foi doit passer au cœur.
Qu’entend-on par «cœur»?
Commençons par retirer toutes les représentations que nous pouvons en avoir, liées à notre âge, notre époque. Puis essayons d’entrer dans le sens biblique, celui qu’utilisent nos Fondateurs. – Le cœur est synonyme d’intériorité, siège des émotions, du bonheur, de la joie, des sentiments. Un peu ce que nous mettons sous ce mot aujourd’hui. – Le cœur est le centre du dynamisme humain, d’où rayonne toute pensée: c’est ce que voit Dieu qui sonde les reins et les cœurs. – Le cœur, et voilà le plus important dans la Bible, est le siège de la vie intellectuelle et de la volonté. C’est donc là, au plus intime de son être, sous le regard de Dieu, que l’homme prend ses décisions librement: elles sont donc le fruit de la réflexion, des sentiments et de la sagesse divine. Car ce cœur est recréé par l’Esprit Saint afin de pouvoir décider selon le cœur de Dieu. La foi est donc un acte libre et personnel d’adhésion à Jésus-Christ et à ce qu’Il nous a enseigné, et que l’Église continue de nous enseigner.
La «foi du cœur»
Nos Fondateurs ont puisé cette expression chez saint Paul: Romains 10,10. La connaissance des vérités révélées, par les facultés intellectuelles, doit passer entièrement dans le cœur. L’homme ne se soumet pas à l’obéissance de la foi par la connaissance de la vérité révélée, mais par la soumission du cœur et le cœur ne se soumet qu’en aimant. Elle advient par l’humilité du cœur de l’homme devant Dieu. Ecoutons Chaminade, dans deux textes à méditer: – Pour la foi, il faut non seulement, du côté de l’entendement, la lumière, mais encore, du côté de la volonté, une pieuse affection; c’est à la volonté à captiver l’entendement au service de Jésus-Christ, au joug de la foi […] aussi est-il dit: la foi du cœur obtient la justice (Romains 10,10); cœurs lents à croire (Luc 24,25). (Esprit de notre Fondation 535). – La majeure partie des chrétiens le sont seulement en pensée, mais ils sont idolâtres dans leurs cœurs, disait encore Chaminade. Sans doute, il faut qu’elle [la foi] soit animée par la charité. La foi ne doit pas être seulement comme une lumière de l’esprit, mais elle doit être dans le cœur. Il faut une disposition du cœur qui soit elle-même foi, amour de la vérité. C’est pourquoi il faut goûter ce que vous croyez. Aussi, saint Paul nous dit que c’est la foi du cœur qui nous justifie: croire dans son cœur conduit à la justice […] on ne peut entrer dans la justice que par la foi du cœur (Esprit de notre Fondation 1011).
Pour une réflexion en fraternité ou en groupe
Le sens biblique du mot cœur nous est-il familier? Est-il besoin que nous en reparlions? Voyons-nous autour de nous des situations où connaître et aimer ne vont pas de pair? Quelles conséquences décelons-nous? Comment faire passer la foi de la tête au cœur?