Pourquoi nous cacher tant de richesses? me lançait un jeune après une discussion sur la prière et la vie spirituelle. Et de poursuivre: Pourquoi vous étonnez-vous que les jeunes cherchent ailleurs que dans l’Église une réponse à leur quête de bonheur? Ces questions ne cessent de me travailler, comme celles des membres de la Famille marianiste: Nous avons une richesse, comment la partager? Une richesse reconnue par la recension de Ecrits et Paroles parue dans Civilta Cattolica de septembre 1998: Cette édition est précieuse, non seulement pour les fils du père Chaminade, mais aussi pour tous ceux qui cultivent une vie spirituelle. Ils y trouveront une pensée originale, riche et stimulante, parce que, de toute évidence, elle est le fruit d’un don du Saint-Esprit. En rédigeant ces fiches, je voudrais tenter une réponse; je compte sur vous pour améliorer cette première ébauche: agissez, écrivez. Réveil spirituel, mouvements spirituels, spiritualité(s), vie intérieure… Peut-on clarifier un peu le langage?

La vie intérieure

Découvrez X…, le journal qui invite à l’aventure intérieure. Ce slogan publicitaire fait vibrer une corde sensible de l’être humain: l’intériorité. Lassé par toutes les sollicitations à vivre «en dehors», extraverti, l’homme aspire à se retrouver lui-même. Ce qu’exprime fort bien le comédien Gérard Klein qui incarne «l’Instit» à la télévision: L’essentiel, c’est de se dire que notre vie nous appartient et que c’est à nous de la bâtir, en commençant par construire ce qui ne se voit pas, l’intérieur, cet endroit en nous-mêmes où nous sommes vrais. Construire, bâtir, grâce à ce don précieux de Dieu, la liberté et à partir de cet autre don qu’est notre vocation, l’appel à devenir ce que je suis ou mieux, ce que je suis appelé à être. Construire l’intérieur, à savoir le sujet, conscient de toutes ses richesses et de ses pauvretés, ce centre personnel d’initiative, de reprise et de réflexion, saisissant les véritables mobiles de nos actes, en toute vérité. En prenant ses distances par rapport aux rêveries, aux impressions reçues ou faites, aux jouissances… En refusant de construire un être égocentrique recherchant sa propre perfection, nourri de pratiques de piété gratifiantes, ruminant ses échecs ou ses réussites, analysant ses mouvements psychologiques… Ces maladies de la vie intérieure ne sont pas illusoires, mais ne doivent pas jeter le discrédit sur la vie intérieure. Ce mouvement vers l’intimité est accompagné d’un mouvement d’ouverture à l’autre; ce sont les deux temps du rythme cardiaque. La vie intérieure est aussi cette part de mystère personnel incommunicable, ce secret qui ne peut être levé que dans une relation d’amitié.

La spiritualité

D’une manière générale, cette discipline, la spiritualité tente de décrire et d’analyser la relation de l’esprit de l’homme avec le transcendant. C’est pourquoi on peut parler de spiritualité hindoue, bouddhiste, musulmane, juive, chrétienne. Encore faut-il croire en une transcendance et en une possibilité de contact entre l’esprit de l’homme et l’Esprit. Spiritualité chrétienne: la science qui tente de décrire et d’analyser l’expérience, faite d’inspiration et de conviction, de la relation entre l’homme et le Dieu Un et Trine qui s’est révélé. Elle décrit et analyse les réactions personnelles et collectives, les formes extérieures qui concrétisent cette relation. Cette science doit devenir vie.

La vie spirituelle

La vie dans le Christ et la vie selon l’Esprit. Elle se définit comme un itinéraire de fidélité croissante, où la personne est conduite par l’Esprit et configurée par lui au Christ, fils du Père et frère des hommes, en pleine communion d’amour et de service dans l’Eglise (Vita consecrata, n° 93). Cette vie, inaugurée au baptême, est commune à tout chrétien. Mais le chrétien vit dans le temps et dans l’espace; aussi la fidélité à l’essentiel sera vécue avec des mentalités et selon des modalités différentes, façonnées par des cultures différentes, d’où la diversité des spiritualités.

Les spiritualités

La spiritualité est plurielle et ceci pour deux raisons principales: – l’Esprit Saint suscite de nouvelles réponses aux aspirations et aux besoins des temps et des lieux, de nouveaux itinéraires, de nouvelles manières de vivre dans le Christ. – l’Esprit Saint accorde un charisme personnel à un témoin de l’amour de Dieu pour l’humanité; un charisme transmis à des disciples qui ont part à cet esprit. Les spiritualités réfractent, dans leur riche diversité, la pure et unique lumière du Saint-Esprit (Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 2684). Ces quelques précisions nous permettront d’aborder la spiritualité marianiste avec plus de clarté. Les articles suivants nous mèneront à un approfondissement de ce qui n’est qu’ébauché ici.

Pour une réflexion personnelle

• Quel est le bonheur qui m’habite? • Quels sont les bonheurs qui m’habitent? • A quoi suis-je appelé à être? • Quelles sont mes richesses et mes pauvretés? • Comment s’est construit mon intérieur? • Quelle est ma relation avec Dieu? • Pour quelles fidélités de ma vie puis-je rendre grâce?