Vivre l’humilité du Christ ne va pas de soi. Le chemin d’humilité est parsemé d’obstacles. Nos Fondateurs en relèvent deux catégories:

1. Ceux qui sont en nous-mêmes

Le plus important est la complaisance en soi-même qui nous porte à croire que nous sommes ou les auteurs ou les propriétaires de nos qualités, à oublier que tout cet édifice est fragile. Dans le projet de Dieu, l’homme est appelé à porter du fruit, en réalisant fidèlement ce pour quoi Dieu l’a appelé. Porter du fruit ne fait que glorifier l’auteur qui est Dieu. C’était la destinée de l’homme sorti des mains du Créateur. Cette vérité est encore plus grande dans l’ordre de la rédemption opérée par Jésus-Christ. En effet, Jésus-Christ a été humble. Il a enseigné que le retour sur soi-même pour s’attribuer des mérites était ravir ce qui appartenait à Dieu seul et c’est mettre l’homme à la place de Dieu. Le désordre en la nature humaine est tel qu’il faut une effusion de grâce pour prendre le chemin de la sainteté et de la justice. Vouloir s’attribuer quelque mérite, c’est se faire idole. Régénéré par le sang du Christ, cesser d’être vieil homme en pratiquant à tout instant l’humilité à l’exemple de Jésus et de Marie. Jésus qui lui-même disait: Je suis doux et humble de cœur. Cette humilité n’admet aucun retour sur soi, si minime soit-il, mais attribue tout à Dieu qui est l’auteur de tout. (Écrits de Direction I, 607-610 ; 1027-1029)

Remèdes

– Louange et action de grâce, – sentiment de notre impuissance: sans moi vous ne pouvez rien faire (Jean 15, 5), comme le Fils ne peut rien faire de lui-même (Jean 5,19), – humour.

2. Ceux qui viennent de l’ extérieur

L’exaltation des réussites humaines, technologiques, scientifiques, politiques, amène à une glorification de l’homme, de son intelligence, de son savoir-faire… Mais qui songe à rendre gloire au Père, créateur de l’intelligence humaine? En aucun cas, nous ne devons dénigrer ou minimiser ces réussites, voire ces prouesses, mais de reconnaître humblement qu’elles ont une source et rendre à Dieu ce qui est à Dieu. Humilité aussi de reconnaître leurs limites et leurs fragilités. Cette ambiance ne nous porte guère à l’humilité. Les relations humaines ne nous portent guère à l’humilité. On pousse l’homme à se mettre en valeur, quitte à se survaloriser: il faut savoir se vendre! On nous complimente jusqu’à l’adulation.

Remèdes

– Défiance à l’égard de toute louange, – renvoyer à Dieu ce qui nous est adressé, avec un cœur joyeux. En conclusion, écoutons nos Fondateurs: Rapporter toutes choses à Dieu créateur et conservateur, à Jésus Christ son Fils unique, auteur de la grâce, au Saint Esprit qui nous été envoyé. Regarder comme abomination et idolâtrie l’attribution sourde à nous-mêmes de quoi que ce soit entre les dons et les vertus, ne recevoir point cette adulation d’autrui sans la rejeter aussitôt, ne pas la laisser approcher, se trouver impuissant à la donner à la créature, abhorrer l’échange qui s’en établirait avec les compagnons de nos exercices, voilà comment se constitue l’humilité portée à la consommation (Écrits de Direction I, 617).