Sur la route, rien de plus angoissant que de ne plus savoir où l’on est ou, à la croisée des chemins, de ne plus savoir quelle direction prendre. Lorsque le brouillard ou les nuages obstruent l’horizon, l’angoisse grandit encore. Seuls recours: la carte et la boussole! Sur le chemin spirituel qui nous conduit à la conformité au Christ, nous trouvons les mêmes obstacles, ce que nos Fondateurs appellent les incertitudes dans la conduite à tenir. De fait, nous désirons agir selon l’Évangile, selon les critères de Jésus-Christ, nous conformer à la volonté du Père. Parfois le doute nous assaille: est-ce bien ainsi qu’il me faut agir pour être « chrétien »? Telle inspiration vient-elle de l’Esprit ou du démon ou de mon imagination? Tel engagement, tel service, est-ce bien ce que le Père me demande ou est-ce que je l’accomplis conformément à son désir? Bien d’autres questions manifestent nos incertitudes, nos hésitations, nos doutes. Et nous sentons bien que tout cela perturbe la paix intérieure nécessaire pour opérer les bons choix. À la limite, nous ne savons plus si nous sommes encore sur le chemin de l’Evangile.
Quelles en sont les causes?
– Il en est une qui est psychologique: certains tempéraments sont anxieux ou hésitants par nature, soit par manque de confiance en soi, soit par scrupule. Nos Fondateurs ne se sont pas arrêtés à cet aspect de la question. – Une autre tient au fait que nous n’avons pas de ligne directe avec Dieu, ni par téléphone, ni par internet. Ces incertitudes sont normales et liées à notre condition d’itinérants. – Elles peuvent aussi provenir de notre orgueil: nous ne voulons pas demander conseil, recourir à un accompagnateur spirituel, car nous préférons nous en sortir seuls, par nos propres lumières.
Les remèdes: la carte, la boussole et le guide
– La carte, c’est l’Évangile repris dans la prière. Au lieu de paniquer, de ressasser les « pour » et les « contre », de combiner des plans, mieux vaut s’asseoir, se mettre en présence de Dieu et regarder le Christ et Marie. Ne demandons pas et n’attendons pas que l’Évangile ou l’Esprit Saint nous donnent la solution toute faite dans une illumination subite (même si cela est possible). Il s’agit de nous disposer à recevoir la lumière, d’ouvrir notre cœur à la Parole de Dieu; de chercher et de recevoir paisiblement la volonté du Père. – La boussole, c’est l’Esprit Saint. Demander les dons appropriés à la situation: dons d’intelligence, de conseil, de sagesse, de discernement. Demander à Marie de nous apprendre la docilité à l’Esprit (nous le faisons chaque jour dans la prière de trois heures). – Le guide: penser que la carte et la boussole suffisent est une erreur. La docilité à l’Esprit passe par le recours à quelqu’un qui nous aide à discerner. Ce recours au conseiller spirituel suppose humilité, ouverture de cœur, franchise et obéissance. Sans cela, nous ne pourrons avoir aucune certitude et aucune paix. Nos frères et sœurs de la Fraternité ou du groupe auquel nous appartenons sont aussi voix de l’Esprit. Certes, l’erreur est toujours possible, elle fait aussi partie de notre chemin avec Dieu. Rappelez-vous saint Pierre! * * * Les trois obstacles intérieurs à notre conformité au Christ étant reconnus, nous pourrons voir les obstacles qui sont posés par d’autres que nous, les « obstacles extérieurs », selon l’expression de nos Fondateurs.