Consommation, mot étrange qui méritera quelques explications, disais-je dans le précédent article. Commençons par là. Dans notre langage, ce mot est lié à société de, au verre que l’on boit par temps chaud, à la facture d’eau ou d’électricité… Dans le langage chaminadien, ce mot se rattache à la dernière parole du Christ en Croix: Tout est consommé (Jean 19,30); et saint Jean avait pris soin de noter au verset 28: Jésus, sachant que dès lors tout était achevé, pour que l’Écriture soit accomplie jusqu’au bout. Jésus avait parfaitement accompli la mission reçue du Père, selon ce que l’Écriture avait annoncé, et il était allé jusqu’au bout de l’amour, l’amour pour son Père et l’amour pour l’humanité. Et sa mort sur la Croix en était le signe. L’idée est donc bien celle d’accomplissement, de mener à son terme une action commencée. Dans notre cheminement spirituel, qu’avons-nous à achever? La conformité à Jésus-Christ, commencée par les vertus de préparation. Ce qui comporte deux volets, que nous connaissons bien maintenant: – achever la destruction du «vieil homme», nous dépouiller de tout ce qui nous reste d’affections vicieuses (Écrits de Direction I, 662), achever de réparer tous les désordres du péché (Écrits de Direction I, 669). – porter à leur perfection les vertus de Jésus Christ, ou celles de l’homme nouveau: acquérir les vertus dont notre Seigneur Jésus-Christ nous a spécialement donné l’exemple, qui achèvent de nous détacher de tout, et de nous unir à Dieu (Écrits de Direction I, 662); livrant l’âme tout entière à la foi, à la charité, à l’espérance, nous travaillerons avec le secours de la grâce, à la faire vivre de la vie du juste et de l’homme nouveau (Écrits de Direction I, 669). Pour continuer cette route, nos Fondateurs nous proposent, comme pour les étapes précédentes, quelques vertus à mettre en œuvre. – Pour faire mourir le vieil homme: humilité de cœur et d’esprit, modestie intérieure, abnégation de soi-même ou renoncement, entière renonciation au monde. Vous aurez remarqué que ces vertus étaient déjà proposées dans les étapes précédentes; c’est sciemment que le père Chaminade les reprend car il estime qu’en pratiquant ces vertus-clés, on progresse immanquablement dans les autres (Écrits de Direction I, 598). C’est une originalité de notre Fondateur par rapport à certains livres de piété qui dressent une liste impressionnante – à décourager le plus performant des athlètes spirituels! – de vertus à acquérir. Il pense également qu’elles forment un ensemble cohérent et efficace pour progresser. – Pour vivre de la vie de l’homme nouveau, il se limite – si l’on peut dire – à la foi, l’espérance et la charité, les trois vertus théologales qui sont un don de Dieu reçu lors de notre baptême, ces talents confiés par le Seigneur et qu’il s’agit de faire fructifier. Au long de ce chemin qui peut nous paraître bien rude et long, n’oublions pas ce que nos Fondateurs rappellent à temps et à contretemps: c’est l’Esprit Saint qui œuvre en nous et nous transforme, c’est par l’action maternelle de Marie que nous sommes formés à la ressemblance de Jésus. Forts de cette foi, le chemin devient agréable!