Notre espérance se limiterait-elle à nos horizons terrestres, comme ont voulu le faire croire certaines idéologies? Nos Fondateurs ont surtout parlé de l’espérance dans le contexte des fins dernières: l’article de sœur Maire Joëlle Bec dans Vie et fraternité marianistes nous en donne les raisons. L’espérance est la vertu théologale par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des cieux et la vie éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du Saint Esprit (Catéchisme de l’Église catholique 1817). Cette espérance ne nous invite pas à déserter nos tâches terrestres, le banal quotidien, mais nous permet de construire le Royaume dès ici-bas, comme nous l’avons vu dans les articles précédents. Avec la ferme espérance que sa réalisation parfaite est à venir. Les grandes visions des temps messianiques dépeintes par les prophètes se réaliseront! Nous pouvons donc espérer la gloire du ciel promise par Dieu à ceux qui L’aiment et font sa volonté. En toute circonstance, chacun doit espérer, avec la grâce de Dieu ‘persévérer jusqu’à la fin’ et obtenir la joie du ciel. L’Église aspire à être, dans la gloire du ciel, unie au Christ, son Époux (Catéchisme de l’Église catholique 1821).

Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts

Après avoir vaincu le mal et la mort, être retourné vers son Père, le Seigneur du cosmos et de l’histoire reviendra. À chaque Eucharistie, nous ravivons cette foi et ce désir en disant Viens, Seigneur Jésus! Est-ce vraiment notre désir? Quel désir exprimons-nous? Un désir non seulement personnel, mais un désir pour l’Église, pour l’humanité? Pourquoi désirer ce retour du Christ? En attendant que tout lui soit soumis, c’est le temps du combat, le temps de l’Esprit. Cet avènement se réalisera à travers une nouvelle pâque, épreuve de foi: Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre? (Luc 18,8).

Je crois à la résurrection de la chair… à la vie éternelle

Selon le langage biblique, la chair, c’est la totalité de l’être humain menant son existence temporelle. Elle inclut donc la pensée, les sentiments, les choix volontaires tout autant que leurs expressions corporelles (Yves Burdelot). Notre espérance est bien de ressusciter, en Jésus-Christ et comme Lui, dans la totalité de notre être, y compris dans sa dimension corporelle. Cette espérance bannit tout mépris du corps et de la dimension charnelle de nos vies, sous prétexte de spiritualité. Ne laissons toutefois pas galoper notre imagination pour savoir comment ça va se passer ou comment sera ce corps. Ecoutons plutôt saint Irénée: De même que le pain qui vient de la terre, après avoir reçu l’invocation de Dieu, n’est plus du pain ordinaire, mais Eucharistie, constituée de deux choses, l’une terrestre et l’autre céleste, de même nos corps qui participent à l’Eucharistie ne sont plus corruptibles, puisqu’ils ont l’espérance de la résurrection.

Passer de cette terre à la Maison du Père: la mort

Les célébrations des funérailles chrétiennes sont de plus en plus empreintes d’espérance et ceux qui sont loin en sont frappés. Une suggestion: reprendre en fraternité ou en groupe les Préfaces des messes des défunts. Elles expriment cette foi qui nous fait rendre grâce au Père. Peut-être est-ce aussi une manière d’apprivoiser la mort… «Des cieux nouveaux et une terre nouvelle» (2 Pierre 3,13) Qu’espéraient nos frères chrétiens des premiers temps? On peut relire le chapitre 3 de cette 2e Lettre de Pierre. Quant à ce que seront ces nouveaux cieux et cette nouvelle terre, cela nous est révélé par l’Apocalypse aux chapitres 21 et 22. Comment ne pas désirer ce temps-là?