Au terme de cette étape de la purification ou de l’épuration, résumons-nous.
Une certaine conception de l’homme
Aujourd’hui, on est très attentif à l’anthropologie, c’est-à-dire à une conception de l’homme, pour bâtir une vie spirituelle solide et équilibrée. Nos Fondateurs ont parfois cédé, du moins dans la forme, à un certain pessimisme dû aux influences de leur époque. On peut dire que le concile Vatican II ne leur donne pas tort quant au fond. Établi par Dieu dans un état de sainteté, l’homme séduit par le Malin, dès le début de l’histoire, a abusé de sa liberté, en se dressant contre Dieu et en désirant parvenir à sa fin hors de Dieu… L’homme, s’il regarde au-dedans de son cœur, se découvre également enclin au mal, submergé de multiples maux qui ne peuvent provenir de son Créateur, qui est bon (Gaudium et spes 13, § 1). Le Catéchisme de l’Église catholique ajoute: la nature humaine n’est pas totalement corrompue: elle est blessée dans ses propres forces naturelles, soumise à l’ignorance, à la souffrance et à l’empire de la mort, et inclinée au péché. Le baptême, en donnant la vie de la grâce du Christ, efface le péché originel et retourne l’homme vers Dieu, mais les conséquences pour la nature, affaiblie et inclinée au mal, persistent dans l’homme et l’appellent au combat spirituel. (n° 405). Les blessures relevées par nos Fondateurs, nous l’avons vu, sont la ténèbre (ignorance), la malice (inclinée au péché) et la faiblesse (nature blessée). C’est ce que confirme notre expérience quotidienne.
Tu ne l’as pas abandonné à la mort
Ce qui pourrait être désespérant se transforme en source de grâce. Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé (Lettre aux Romains 5,20). Le Père fait don à l’homme de remèdes appropriés pour le guérir. Quelles actions de grâces ne devraient pas monter de nos cœurs pour ces dons merveilleux que Dieu nous accorde en Jésus-Christ qui, par sa mort et sa résurrection, nous a valu de retrouver notre dignité de fils de Dieu. Les remèdes sont appropriés aux triples blessures: – la foi guérit les ténèbres, car elle est la lumière de Dieu qui éclaire notre vie et celle du monde; – la charité guérit l’inclination au péché, car elle est l’amour même qui est Dieu, et ouvre à l’Autre et aux autres; – l’espérance guérit notre faiblesse, car elle nous ancre dans la fidélité de Dieu qui donne sa force à qui l’attend. Le baptême, rappelons-le, nous plonge dans la mort et la résurrection du Christ; il nous permet de vivre le mystère pascal du Christ, au jour le jour. C’est le sens même du combat spirituel: la victoire du Christ sur le mal et la mort se réalise en nous. Quand nous parlons d’épuration, pensons à nos stations d’épuration d’eau: en fait, on retire tous les éléments nuisibles et étrangers à l’eau. L’épuration de nos cœurs tend à en retirer tout ce qui est étranger à l’Évangile, ce qui est nuisible à notre vie de fils de Dieu. Georghiu compare ce travail à celui du sculpteur qui retranche de son bloc de marbre tout ce qui est « inutile » pour faire ressortir petit à petit la figure qu’il veut produire. Pour le chrétien, il s’agit de retrancher tout ce qui n’est pas l’image du Christ et de Dieu en lui. Le but est bien de manifester aux hommes l’icône du Christ pour que les hommes qui voient vos bonnes œuvres rendent gloire à Dieu. Le Christ lumière du monde a demandé à ses disciples d’être lumière: l’épuration, ne serait-ce pas permettre à la lumière du Christ de filtrer au mieux au travers de nos paroles, de nos actions, de nos comportements? Lorsque nous disons que Marie est la Toute Pure, nous laissons entendre qu’elle est ce pur cristal qui permet au Verbe de Dieu de transparaître dans toute sa vie.