Le père Urs Schenker s’en est remis à Dieu samedi premier août 2015. Deux ans et demi de maladie l’ont préparé à la rencontre avec son Seigneur à qui il a voué sa vie. «Quel beau jour que celui de la Transfiguration (6 août) pour accompagner notre cher frère Urs à sa dernière demeure!», écrivait une religieuse marianiste aux marianistes de Suisse.
Le 27 décembre 1931, en la fête de l’apôtre saint Jean, naît Urs Schenker. Il est l’aîné de la fratrie: il a une sœur et deux frères. Le père Paul Schenker, le dernier de la famille s’est aussi engagé dans la Société de Marie. Après sa scolarité obligatoire, le jeune Urs est envoyé en Suisse romande pour apprendre la langue de Molière, à Martigny. Un an plus tard, il se rend compte qu’il se trouve dans une école préparant à la vie religieuse. C’est alors qu’il se décide, non sans se poser de nombreuses questions, à prendre le chemin de la formation religieuse et professionnelle pour devenir religieux marianiste. Il fréquente l’école normale des instituteurs à Sion. Après un an de noviciat à Middes (canton de Fribourg), en la fête de l’Assomption, le 15 août 1949, Urs s’engage dans la Société de Marie. Six ans plus tard, en la même fête, il fait sa profession définitive. Dans une autobiographie, le père Urs écrit: «Je ne sais pas exactement quand Marie est entrée dans ma vie. Certainement très tôt. Lorsque j’étais petit, maman priait souvent au pied de mon lit. Une de ses prières préférées était: “Jungfrau Mutter Gottes mein, lass mich ganz dein Eigen sein… Vierge Marie, mère de Dieu, fais que je t’appartienne…!“ Cette invocation est devenue l’une de mes prières quotidiennes.»
Après avoir obtenu la maturité pédagogique en 1952, Urs est envoyé à l’école primaire d’Altdorf (canton d’Uri). Il y enseigne durant six ans et poursuit sa formation pédagogique à l’université de Fribourg qu’il couronne par une licence en 1963. Ses supérieurs l’engagent à l’école normale de Sion qu’il exerce durant quelque vingt-cinq ans. Il est professeur de langue allemande, de biologie, d’histoire de l’art et une introduction aux médias. Il s’engage dans des groupes de prière. «La rencontre avec le père Urs à l’école normale de Sion a été de haute importance pour ma vie et ma vocation», témoigne l’un de ses anciens élèves, l’abbé émérite d’Einsiedeln. «Il m’a ouvert un autre accès à l’écriture sainte et à la prière régulière. Il nous a fait découvrir la beauté de la création.» «Pour nous les Romands de l’école, M. Schenker incarnait l’homme du cinéma… un merveilleux souvenir empreint de gentillesse et de bonté!», écrivait un autre ancien.
Avec les pères Rudolf Loretan et Otto Jossen, Urs Schenker est introduit à l’apostolat des laïcs et participe à de nombreuses rencontres de groupes marianistes, les affiliés, ainsi nommés à cette époque. Il est durant de nombreuses années membre du Conseil provincial. Comme vice-provincial de 1972 à 1980, il est chargé de la procure des missions. Il a pour préoccupation principale le développement de notre activité au Togo et la diminution des vocations religieuses dans son pays. Il exerce la responsabilité de régional de Suisse de 2000 à 2009. En 2005, les frères du Togo dépendant de la Suisse sont regroupés en une Région autonome. C’est une grande joie pour lui.
Dès sa tendre enfance, le jeune Urs songeait à devenir prêtre. Son engagement auprès du laïcat a réveillé en lui cette appel au sacerdoce. Les supérieurs lui ont permis de le réaliser lors de son envoi à Abidjan en 1986. Il est aussi chargé de la formation et de l’accompagnement des jeunes religieux togolais. Il fait des études de théologie à l’ICAO et les poursuit en 1988 à Fribourg. Le frère Urs Schenker est ordonné prêtre sur le tard par Mgr Otto Wüest, le 2 juillet 1989, à l’âge de 58 ans. Il exerce son ministère sacerdotal dans les communautés de la Province à Martigny et à Fribourg.
Durant plusieurs décennies, Urs s’occupe du laïcat marianiste dans le Haut-Valais et en Suisse Romande. Il organise de nombreux pèlerinages pour des pèlerins de langue française et de langue allemande. Ces temps forts spirituels deviennent annuels pour les romands et durent deux jours. Le père Urs organise à Sion des rencontres bibliques. Il célèbre chaque mois une eucharistie auprès des fraternités de Charrat et de Monthey. «Nous garderons de lui le souvenir d’un prêtre dévoué, heureux, toujours prêt à servir et à servir notamment les laïcs de la Famille marianiste». Ce témoignage reflète bien ce que les laïcs ont vécu avec le père Urs.
En 2013, la santé du père Urs donne des signes d’inquiétude. Fin septembre, il subit une grave opération à Fribourg, le cancer. La maladie d’Alzheimer se manifeste. En mars 2014, notre confrère intègre la communauté de Sion. A partir de la mi-juin, il passe les derniers mois de sa vie terrestre à la Maison Saint-François de Sion (établissement médico-social) et se prépare à rencontrer le Seigneur et Marie qu’il a tant aimés.
Le père Urs Schenker s’est remis à Dieu samedi premier août 2015. Deux ans et demi de maladie l’ont préparé à la rencontre avec son Seigneur à qui il a voué sa vie. «Quel beau jour que celui de la Transfiguration (6 août) pour accompagner notre cher frère Urs à sa dernière demeure!», écrivait une religieuse marianiste.