Le jour de la Toussaint, je me rendais pour quelques jours de prière à l’abbaye Notre-Dame de Baumgarten à Bernardvillé (Alsace). Le lendemain, le jour de la commémoration de tous les fidèles défunts, l’aumônier du monastère invitait les participants à l’eucharistie à méditer sur le sens de la journée des défunts. Je me suis senti fortement interpellé par ses réflexions. C’est pourquoi, dans ces reflets, je ne résiste pas à vous les partager avec vous.

jpf

 

 

Au lendemain de la fête de la Toussaint, nous sommes conviés à une autre commémoration, plus humble et plus silencieuse que celle d’hier. C’est un jour de prière, non seulement avec ceux qui contemplent le visage du Seigneur, les saints, mais avec ceux qui sont encore en attente: ceux qui se purifient, ou plutôt ceux qui se laissent purifier progressivement dans le feu de l’Amour divin. Se découvrant aimée infiniment par Dieu, l’âme découvre conjointement combien elle est incapable de répondre encore amour pour amour. Aussi est-ce le désir brûlant de Dieu, qui va libérer progressivement l’âme de ce qui l’empêche de se jeter dans les bras de son Seigneur pour trouver en lui sa béatitude.

 

Le 2 novembre est aussi un jour qui nous rappelle – et c’est utile de temps à autre – que nous sommes tous confrontés à la mort, celle de nos proches, et la nôtre. Notre mort arrivera un jour. La mort est l’obstacle ultime, qui nous rappelle que les choses passent, et que ce monde n’est pas éternel. C’est l’obstacle que l’on n’est jamais parvenu à dépasser. On peut développer des efforts dérisoires pour faire reculer cet obstacle, en refusant le vieillissement et la maladie; ou encore l’oublier, en s’efforçant de ne pas y penser; ou encore en essayant de le contrôler, vouloir être maître de la vie et de la mort: c’est le sens de la tentation actuelle de l’euthanasie dont on parle beaucoup ces derniers temps.

Mais tout cela est sans résultat. Nous devons accepter notre condition. La foi chrétienne ne refuse pas la mort, elle lui donne sens. La mort, la fin de notre vie sur terre, nous tourne vers un visage connu, un visage aimant: celui du Père. Elle nous rend semblables au Christ, qui a vécu jusqu’au bout la communion avec le Père.

 

Ainsi la mort ouvre une vie nouvelle. Elle est toujours, bien sûr, un événement douloureux, mais en un sens, elle est “relativisée“: car elle n’est plus nécessairement liée au désespoir. Depuis deux mille ans, il y a eu le signe éclatant des martyrs qui ont témoigné jusqu’à bout. Ils n’ont pas craint la mort; cette attitude a été celle des humbles qui savent que Dieu les attend pour leur donner la Vie véritable. A la suite de Jésus, il faut mourir pour renaître: mourir au péché et au mensonge, pour ressusciter avec le Christ.

 

Dieu de la vie, tu fais de nous des vivants. Lorsque la souffrance et le découragement nous atteignent, montre-nous le chemin de la Vie, car personne ne peut aller vers le Père sans passer par toi.

L’entrée du monastère
Vierge dans le chœur de la chapelle
Célébration de l’Eucharistie