La pauvreté. Elle a fait de Roger Bichelberger un mendiant de fleurs et de Vie en état d’éveil. C’est le sens de son autobiographie spirituelle, Si j’avais été riche (Salvator), bouquet de souvenirs qui fleurent bon sa Lorraine natale. Il y relit les étapes fondatrices d’une existence que n’ont épargné ni le doute ni la maladie. Fécondée par la foi, la littérature et l’écriture.
Même si la vie semble mener vers des impasses – Roger Bichelberger a mis du temps à trouver sa place: un noviciat marianiste stoppé net par la maladie; de retour chez lui, «le désert le plus absolu», «nu, abandonné». Mais il arrive à Dieu «de prendre d’étranges raccourcis pour nous rattraper».
Le jeune homme devient clerc de notaire puis, grâce à l’armée et à Denise, sa future épouse, il peut reprendre ses études en «heureux étudiant vagabond». Il sera professeur de littérature. La maladie encore, celle de Denise, temps de séparation et de mûrissement. Mais des années heureuses où «Dame Pauvreté continuait de nous combler».
Roger Bichelberger a trouvé dans la littérature des sentiers et des maîtres qui l’ont guidé vers Dieu – François Mauriac, Georges Bernanos, Jacques de Bourbon Busset, Jean-Claude Renard, Julien Green, José Cabanis. Dans la foi, rencontre avec un Vivant «toujours en avant de nous», de nombreux engagements, dans l’élan de Vatican II, notamment dans les fraternités marianistes, pour une Eglise à taille humaine et à l’écoute de nos contemporains. Dans l’écriture, «chemin de vie» et «labour profond de soi-même», un lieu pour célébrer, chanter la beauté du monde, contempler et inventer sa foi sur les pas d’Oliver Clément et Jean Grosjean.
Ces pages disent «la grâce de la pauvreté» qui rend disponible pour «accueillir les mystères de la vie» et déceler, «derrière le visible, la trace de l’Invisible».
Geneviève de Simone-Cornet
dans : l’Echo Magazine, n° 19, p. 39

