Conformément à la Règle de vie (article 4,7), les religieux marianistes sont invités à se réunir au pied de la Croix à trois heures de l’après-midi, l’heure de notre Salut. Information vous propose en ce mois du rosaire d’en faire de même. Cet article retrace l’historique de cette coutume qui s’est établie dans la Famille marianiste.
Aux origines de notre prière de Trois heures
Il semble que les premières racines de la prière de Trois heures s’originent dans un rendez-vous spirituel durant la Terreur, lors de la Révolution française: beaucoup de fidèles et tous les prêtres tombaient à genoux, tous les jours à cinq heures et faisaient ce qu’on appelait l’adoration. Ce rendez-vous est une force, un lieu d’union et une source de ferveur pour les membres dispersés de cette association créée durant la Révolution française.
Deux dirigées du P. Chaminade pratiqueront ce rendez-vous spirituel. Mlle de Lamourous, fondatrice de l’œuvre de la Miséricorde, recommande à ses filles, d’anciennes prostituées: Peut-on se prosterner à 3 heures (que notre divin Sauveur expira), peut-on dis-je, ne pas lui demander pardon de l’avoir tant outragé, de lui avoir causé tant de douleurs hélas!
En 1804, dans un règlement de la Congrégation mariale de la jeune Adèle de Trenquelléon (qui ne connaissait pas encore M. Chaminade), on peut lire: A trois heures du soir, les associées se réunissent tous les jours, en priant sur le calvaire, pour adorer la mort de Jésus Christ, lui unir la nôtre et faire un acte d’amour aux sacrées plaies du Sauveur. Le vendredi, ces membres s’unissaient plus particulièrement pour former en soi le désir de mourir et de ressusciter avec Jésus –Christ… puis, se rappelant les sept plaies de Jésus Christ, on récite sept Ave Maria.
Fin 1808, M. Chaminade fait connaissance avec Mlle de Trenquelléon. Une correspondance suivie se développe et le fondateur prend donc connaissance avec les habitudes de la Congrégation mariale d’Agen. Aucun document ne nous dévoile ce qui s’est passé en M. Chaminade au sujet de ce rendez-vous spirituel de trois heures de l’après-midi. Avant 1809, il ne recommande jamais cette dévotion. Ce n’est qu’à partir de cette date qu’elle apparaît dans ses écrits.
Le rendez-vous spirituel sur le Calvaire chez le P. Chaminade
Cette réunion au Calvaire est réservée aux groupements qui tendent à vivre les conseils évangéliques dans le monde dont les membres dispersés ont fait une consécration à Marie plus spéciale. Ils ont besoin de se sentir plus fraternellement unis dans leur commun amour pour Marie qui, au Calvaire, est devenue, par le testament de Jésus, leur Mère.
Ce rendez-vous au Calvaire prend donc une empreinte très personnelle, dans le sens de l’enseignement de M. Chaminade: la maternité spirituelle et la mission maternelle de Marie. C’est une réunion. Progressivement on y considère non seulement la souffrance de Marie comme on le faisait à la Miséricorde, mais aussi sa maternité de grâce: A trois heures de l’après-midi, tous se rendront en esprit sur le Calvaire pour y contempler le Cœur de Marie, leur tendre Mère, percé d’un glaive de douleur et rappeler l’heureux instant où ils ont été enfantés.
Dans les Instituts religieux, la tradition de ce rendez-vous au Calvaire s’enracine. Il est noté dans les textes secondaires détaillant l’emploi du temps, ainsi, par exemple, dans le Règlement général des Filles de Marie (1815): A trois heures, se transporter en esprit sur le Calvaire sans interruption de travail; le vendredi, à la même heure, se mettre à genoux dans les mêmes vues. Chez les frères, le Règlement des religieux de Marie (1819) dit: Tous les jours, à trois heures après-midi, on fera la petite oraison jaculatoire; on se tiendra debout à l’endroit même où l’on se trouvera; le vendredi seulement on se mettra à genoux. Dans le Règlement général donné au noviciat Saint Laurent, on évoque le première fois l’évangéliste saint Jean.
La prière de Trois heures de 1850 à nos jours
Après la mort du fondateur, en 1850, l’histoire de la prière de Trois heures est surtout celle de sa formulation et son extension aux élèves de nos écoles.
Primitivement, ce rendez-vous spirituel au Calvaire ne semblait avoir utilisé d’autre formule que l’Ave Maria, le reste était de l’ordre du recueillement et de la prière personnelle. Puis, on trouve en 1856, dans un Formulaire de prières vocales à l’usage de la Société de Marie, la prière suivante: Mon Dieu, je me transporte en esprit sur la montagne du Calvaire pour vous rendre le dernier soupir et vous demander pardon de mes péchés qui sont la cause de votre mort. Le Formulaire révisé par le Bon Père Simler (supérieur général de 1876 à 1905) donne la prière faite jusqu’à nos jours.
De 1857 à nos jours, les Marianistes ont essayé d’associer leurs élèves à ce rendez-vous. Ce fut la préoccupation de plusieurs chapitres généraux.
Ces dernières années, cette formule a été révisée conformément à l’évolution historique de cette prière pour lui redonner le sens d’un rendez-vous de la Famille marianiste pour assister Marie dans sa mission maternelle reçue de son Fils.
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C’est dans ce sens qu’Information vous donne rendez-vous tous les jours à trois heures, à vous tous qui voulez poursuivre la mission apostolique de Marie. Dans ce numéro, vous recevez une image contenant la nouvelle formule adoptée par le Conseil du supérieur général. Ceux et celles qui aimeraient d’autres prièrs peuvent en obtenir auprès de la rédaction d’Information.
Jpf
dans: Information n° 92, octobre 1988