J’ai été arrêté en territoire français le 9 novembre de l’année dernière: je fus transféré à Berlin et finalement condamné à mort le 2 juillet, en la fête du Sacré-Cœur. La sentence sera exécutée aujourd’hui. Ce soir, à sept heures, j’irai chez mon Sauveur que j’ai toujours aimé tendrement. Ne soyez pas tristes pour moi! Je suis totalement heureux. Naturellement, j’ai pas beaucoup d’heures pénibles, mais j’ai pu bien me préparer à la mort.
Voilà ce qu’écrivait le père Gapp, marianiste, à sa famille le 13 août 1943
Le livre Jakob Gapp, martyr de la foi, décrit la tsrajectoire de ce religieux béatifié le 24 novembre 1996. Avec un million d’hommes de la trempe de ce Gapp, mais nazis évidemment, nous dominerions le monde! Ce mot est d’Himmler, chef de la Gestapo, gardien de la citadelle nazie, de ette idéologie monstrueuse que Jakob Gapp (1897-1943) a combattue avec acharnement dès le début de années 30.
Autrichien de naissance, religieux marianiste prêtre, J. Gapp décèle très tôt le mensonge du nazisme qu’il juge plus nuisible à l’Allemagne qu’une défaite de la guerre. Son enseignement religieux et ses homélies deviennent son champ de bataille: dénoncer les failles du système et les persécutions qu’il engendre, et lui opposer le message universel d’amour du Christ, seul maître du monde.
Exaspérée, la Gestapo le poursuit (Gapp s’enfuit vers la France, puis l’Espagne) et lui tend une embuscade fatale. Emprisonné à Berlin, il est jugé, condamné à mort pour trahison et guillotiné le 13 août 1943.
A l’heure où l’on assiste à une montée inquiétante des mouvements néo-nazis et du révisionnisme, ce livre retrace avec précision l’histoire tumultueuse de la première moitié du siècle passé et rappelle avec force le danger d’une idéologie sournoise et effrayante.
José María Salaveri,
Jakob Gapp,
Editions Saint-Augustin, St-Maurice 1997, 247 pages